« Il ne peut plus rester seul? mais je ne veux pas la placer. »

Combien de fois ai-je entendu cette phrase, chargée d?inquiétude ?

Lorsqu?un proche perd en autonomie, la première réponse semble souvent être : la maison de repos. Pourtant, d?autres options existent. Et elles méritent d?être connues, envisagées et même combinées.

Quelles sont-elles? Qu'est-il réellement possible de mettre en place pour accompagner votre proche à domicile ? avec humanité, et surtout, sans se sacrifier?

Trop de familles attendent la dernière minute. Par peur de déranger, par manque d?information ou parce qu?« on gère encore ».

Mais ?encore? jusqu?à quand??

Il vaut mieux :

• Anticiper, même si la perte d?autonomie semble minime.
• Agir vite dès les premiers signes : médicaments oubliés, hygiène négligée, isolement, repli.
• Demander de l?aide sans se sentir coupable.

Et surtout, ne pas attendre que tout repose sur les épaules d?un seul aidant, souvent une femme, souvent déjà épuisée.

Première étape avant la maison de repos.

Vieillir, tomber malade, ou perdre certaines capacités fonctionnelles n?implique pas toujours une entrée en institution.

En Belgique, plusieurs alternatives permettent de rester chez soi, dans un cadre sécurisé, tout en étant accompagné de manière professionnelle.

On peut regrouper les solutions en trois axes :

• Les soins médicaux et paramédicaux à domicile
• Les aides à la vie quotidienne et à l?autonomie
• Les solutions alternatives aux maisons de repos

Et c?est en combinant intelligemment ces trois axes que vous pourrez maintenir votre proche à domicile dans de bonnes conditions.

Rester à domicile.

1. Les soins à domicile

Infirmière à domicile : soins d?hygiène, pansements, traitements, surveillance post-hospitalière.

Remboursés par l?INAMI, sauf le ticket modérateur s'il s'applique.

Contactez directement une infirmière conventionnée de votre région.

2. L?aide familiale

Préparer les repas, faire les courses, accompagner à un rendez-vous, faire un peu de rangement etc.

Le plus souvent via les CPAS.

La participation financière se calcule selon les revenus.

3. Le Budget d?Assistance Personnelle (BAP)

Aide financière octroyée par l?AVIQ pour engager des assistants de vie à domicile, selon un plan personnalisé.

Uniquement pour les personnes avec reconnaissance de handicap (catégorie 4 ou 5) et perte sévère d?autonomie.

Le BAP, c?est un budget annuel octroyé par l?AVIQ à certaines personnes en situation de handicap sévère, pour leur permettre de rester à domicile avec l?assistance humaine dont elles ont besoin.

Un plan d?intervention personnalisé est établi avec l?AVIQ pour encadrer l?utilisation du budget.

Les montants alloués sont variables :

• 9.648,83 ?/an pour une aide de jour ;
• 18.653,21 ?/an pour une aide de jour et de nuit ;
• D?autres plafonds existent (week-ends, déplacements, etc.) et peuvent aller jusqu?à 35. 000 ?/an, selon les cas.

Ce que couvre le BAP :

• Aide à la toilette quand il n'y a pas de soins infirmiers spécifiques, à l?habillage, aux repas ;
• Courses, entretien, préparation des repas ;
• Déplacements liés aux activités quotidiennes ;
• Présence ou aide sur un lieu de formation ou de travail ;
• Activités sociales ou de loisirs ;
• Coordination du plan d?intervention.

Ce que le BAP ne couvre pas :

• Soins médicaux ou paramédicaux ;
• Thérapies ;
• Soutien pédagogique ou scolaire ;
• Aides matérielles (qui relèvent de l?aide individuelle à l?intégration).

Conditions pour en bénéficier :

• Reconnaissance de handicap par l?AVIQ ;
• Allocation d?intégration catégorie 4 ou 5 (15 à 18 points) ou critères équivalents ;
• Besoin d?une assistance régulière (7h à 30h/semaine) pour rester à domicile ;
• Pas de prise en charge institutionnelle actuelle (ou demande justifiée de maintien à domicile) ;
• Entrer dans les priorités définies annuellement par l?AVIQ (ex. : SLA, SLP, MSA?)

Ce que je constate sur le terrain :

• Très peu de familles connaissent ce dispositif.
• Les critères sont stricts, mais le montant est réellement utile pour financer une aide humaine continue.
• Il permet à des personnes lourdement dépendantes de choisir de rester chez elles sans être institutionnalisées.

Comment faire la demande ?

• S?adresser au bureau régional AVIQ.
• Se faire accompagner par un travailleur social pour construire le dossier.
• Préparer les justificatifs médicaux, attestations, et une estimation du nombre d?heures nécessaires.

Plus d?infos : cicat@aviq.be ? 0800 16 061

Document de référence :

Les solutions de répit pour les aidants

J'en parle dans un autre article concernant les aidants proches mais sachez qu'il existe plusieurs solutions d'accueil temporaire en structure, répit à domicile, relais de l?aidant.

Certains services sont gratuits ou très faiblement facturés.

Quand le domicile devient vraiment trop compliqué.

1. Le logement AVJ (Activités de la Vie Journalière)

Il s'agit de logements sociaux adaptés pour personnes très dépendantes avec service d?assistance 24h/24.

Pour certaines personnes lourdement handicapées physiquement mais lucides et désireuses de conserver une vraie autonomie de vie, il existe une alternative méconnue mais puissante : le logement AVJ, associé à un service d?aide aux activités de la vie journalière.

En quoi ça consiste ?

• Des logements sociaux adaptés (appartements ou maisons) regroupés dans un même quartier.
• Reliés à un service d?AVJ agréé par l?AVIQ, qui fournit une assistance 7j/7, 24h/24, uniquement sur demande du bénéficiaire.
• Le service intervient pour des gestes de la vie quotidienne hors soins médicaux : lever, habillage, repas, transferts, toilette simple sans actes infirmiers.

Les logements doivent en principe se situer dans un rayon de 500 mètres autour du service AVJ. Mais certains services offrent une prise en charge dérogatoire au-delà de ce périmètre.

À qui cela s?adresse ?

Aux personnes :

• présentant un handicap physique très invalidant ;
• capables de vivre seules ou avec leur famille ;
• ayant besoin entre 7 h et 30 h/semaine d?aide dans les actes de la vie journalière ;
• mais ne relevant pas d?une maison de repos médicalisée.

Le rôle de l?assistant AVJ

L?assistant :

• n?effectue pas de soins médicaux,
• ne remplace pas les infirmiers, kinés, aide-soignants ou services de transport,
• mais complète les prises en charge existantes en garantissant une présence humaine pour les actes quotidiens.

C?est la personne elle-même qui demande l?intervention quand elle en a besoin, selon ses horaires et son autonomie.

Coût:

• Le loyer reste à charge du bénéficiaire (souvent modéré dans le cadre du logement social).
• Le service AVJ facture une participation forfaitaire mensuelle de 37,15 ? (tarif en vigueur depuis avril 2020).

Pour plus d?informations :

• Sur l?offre de ce type de services dans votre région, vous pouvez contacter l?un de nos Bureaux régionaux selon votre code postal (voir coordonnées) 

• Sur la réglementation et les conditions d?agrément propres à ce type de services, vous pouvez contacter la Direction de l?Inclusion Sociale et Professionnelle à l?adresse email samvadmin@aviq.be 

2. Le logement intergénérationnel

Vivre avec ses enfants ou petits-enfants dans un même logement ou bâtiment séparé, tout en gardant son intimité.

Certaines communes proposent des incitants financiers, voire des accompagnements de projet.

Parlez-en à votre administration communale ou à un architecte spécialisé.

3. Les maisons Kangourou

Formule originale qui consiste à loger sous un même toit une personne âgée et une jeune famille (ou maman solo, étudiant, etc.).

Initiatives encore rares, mais de plus en plus soutenues par les communes ou asbl d?habitat solidaire.

4. Les résidences-services

Studios autonomes au sein ou à proximité d?un établissement, avec services (repas, ménage, veille, animations), mais sans médicalisation.

Bon compromis pour les personnes seules ou isolées mais encore autonomes. Généralement, solution coûteuse, malheureusement.

On peut vieillir sans renoncer à sa dignité.

On peut accompagner sans s?épuiser.

Mais pour cela, il faut oser demander de l?aide, tôt, et surtout la bonne aide, au bon moment.

Isabelle Duchateau  

Infirmière spécialisée SIAMU- soins à domicile (Région Le Roeulx, Thieu, Maurage, Bracquegnies, Houdeng etc)  

Référente en soin de plaies (certifiée en nov.25)

Formée en nutrithérapie (CFNA) et aromathérapie (Collège Dominique Baudoux)  

Fondatrice de Harmoneo ? www.harmoneo.be