Votre parent a besoin de soins. C?est évident. Et pourtant, il refuse.

Il refuse l?infirmière, le kiné, l?aide-ménagère, parfois même le médecin.

Cette situation est bien plus fréquente qu?on ne le pense.

Elle met les proches dans une impasse : entre respect du choix, sentiment d?urgence et peur de mal faire.

Pourquoi ce refus ? Comment réagir ? Et que pouvez-vous faire, concrètement, sans aller au conflit et sans tout porter sur vos épaules ?

Ce qu?il faut savoir

Le refus de soins n?est pas toujours irrationnel.

Il peut être temporaire, motivé par la peur, la honte, la fatigue, une expérience passée difficile ou simplement le besoin de garder le contrôle.

En Belgique, tant qu?une personne est jugée capable de discernement, elle a le droit de refuser un soin. C?est inscrit dans la loi sur les droits du patient.

Mais le refus ne veut pas dire qu?il faut renoncer. Il nous invite à comprendre, écouter, et accompagner autrement.

Il est aussi important de faire la distinction entre :

• un refus ponctuel, négociable,
• un refus catégorique mais lucide,
• et un refus qui pourrait traduire une altération du jugement (troubles cognitifs, confusion, dépression).

Quelques conseils.

Je suis infirmière à domicile. Et je vois des personnes qui refusent qu?on les touche, qu?on les aide à se laver, ou qu?on s?occupe de leurs plaies et des familles désemparées.

? Voici ce que je vous conseille :

1. Ne pas personnaliser le refus.

Ce n?est pas contre vous. C?est souvent un moyen de garder la maîtrise.

2. Nommer le problème avec douceur mais clarté.

« Papa, je vois que tu refuses l?aide. Mais j?ai besoin de comprendre pourquoi. Est-ce une question de pudeur, de peur, de fatigue ? »

3. Reformuler l?enjeu :

Pas « tu dois accepter l?infirmière », mais « comment peut-on faire pour que tu restes à la maison sans que ta plaie s?infecte ? »

4. Proposer un test.

« On essaie une fois. Si tu n?es pas à l?aise, on en reparle. »

5. Accepter de décaler le soin si c?est possible.

Parfois, 24h suffisent à laisser retomber une angoisse.

6. Faire intervenir une tierce personne.

Une autre voix peut parfois décristalliser une situation.

7. Observer les signes de perte de discernement.

Si votre proche refuse tout, met sa santé gravement en danger, ou semble désorienté, une évaluation médicale est nécessaire.

Quelques phrases pour ouvrir le dialogue

• Je ne veux pas t?imposer quelqu?un. Mais j?aimerais comprendre ce qui te gêne.
• Tu veux qu?on essaie avec une autre personne ? C?est toi qui décides.
• J?ai peur que sans soins, tu sois hospitalisé. Est-ce qu?on peut en parler ensemble ou avec ton médecin ?

Quand faut-il s?inquiéter d?un refus ?

Refuser les soins n?est pas toujours un signe de perte de discernement.

Mais certains signaux doivent alerter :

• propos incohérents ou désorientés ;
• refus de s?alimenter ou de s?hydrater ;
• hygiène gravement négligée ;
• mise en danger manifeste (médicaments oubliés, chutes?) ;
• idées délirantes ou suspicion de dépression profonde.

? Dans ce cas, faites appel au médecin traitant pour une évaluation cognitive.

Si nécessaire, il pourra déclencher une procédure de protection (via un juge de paix).

À qui s?adresser / comment agir ?

Le médecin traitant

C?est votre premier allié. Il peut :

• évaluer la capacité de discernement,
• dialoguer avec le patient,
• ajuster les prescriptions.

L?infirmière à domicile

Elle peut proposer une première rencontre sans soin, juste pour discuter, se présenter, rassurer.

Le service social du CPAS ou de la mutualité

Ils peuvent organiser une médiation, orienter vers des structures ou un psychologue spécialisé.

Refuser les soins, c?est souvent dire : "Je veux garder la main."

Aidons nos proches à rester aux commandes.

Et j'avoue humblement, j'ai encore parfois des efforts à faire à ce niveau-là.

Mais j'ai appris que la clef, ce n?est pas de forcer : c?est de comprendre, puis d?ajuster.

Isabelle Duchateau  

Infirmière spécialisée

SIAMU- soins à domicile (Région Le Roeulx, Thieu, Maurage, Bracquegnies, Houdeng etc)  

Référente en soin de plaies (certifiée en nov.25)

Formée en nutrithérapie (CFNA) et aromathérapie (Collège Dominique Baudoux)  

Fondatrice de Harmoneo ? www.harmoneo.be