soins à domicile, Harmoneo, Isabelle Duchateau, Le Roeulx, Thieu, Maurage, Bracquegnies, Houdeng Quand l'accès aux soins dépend du portefeuille : Isabelle Duchateau, infirmière à domicile (Harmoneo – Le Roeulx), dénonce les dérives d’un système où la santé devient une variable d’ajustement budgétaire.
Le gouvernement annonce un dépassement de 493,5 millions d?euros sur le budget des soins de santé pour 2026. Trop de dépenses, nous dit-on.
Un demi-milliard "en trop". Pas parce qu?on gère mal. Mais parce qu?on soigne trop.
Depuis plusieurs années, la Belgique encadre les soins de santé par une norme de croissance rigide : 2 % par an.
Mais les besoins, eux, augmentent d?au moins 3 %, selon les experts.
Ce décalage, structurel, n?a pourtant rien d?imprévu.
Il est dû :
Résultat : les autorités parlent désormais de nouvelles ?réformes structurelles? et de ?maîtrise des coûts?.
Sans dire lesquelles.
Sur le terrain, nous savons déjà ce que cela signifie : retards de prise en charge, restrictions de remboursements, renoncements aux soins.
À l?international, les droits humains deviennent optionnels devant les enjeux géopolitiques.
Et au national, la santé suit la même pente.
Le droit à la santé devient conditionnel. Conditionnel à un seuil budgétaire. Pourtant, la santé est un droit fondamental.
On nous dit que ?les chiffres ne mentent pas?.
Et bien ceux-ci disent quelque chose: ils disent que puisqu?on va soigner à perte, on ne va pas soigner du tout.
Je suis infirmière. Et je vois ce que ça donne.
J?ai une patiente pour qui tous les indicateurs sont au rouge : suspicion de diabète de type II.
La prise de sang de son généraliste semble d'ailleurs le confirmer.
Il faut un rendez-vous en diabétologie. Rapidement.
Nous sommes en mai 2025.
Quand on connaît le coût humain et économique des complications du diabète, on fait en sorte que la prise en charge soit précoce.
Mais notre système de soin de santé est devenu tellement peu performant qu'on attend.
Le diabète, lui, n'attendra pas pour faire ses dégâts aux reins, aux yeux, aux membres inférieurs.
C'est une patiente, avec ce retard de prise en charge, qui risque de terminer en dialyse.
Alors qu'on aurait pu l'éviter.
On regarde le chronomètre tourner. Et les patients se dégrader.
Pour nous aussi, les soignants, ces "économies" auront un coût.
On nous demande de faire plus, toujours plus, avec moins.
Mais moi, je ne suis pas une variable d?ajustement.
Je suis soignante.
Je suis une professionnelle de la santé.
Je ne parle pas depuis un plateau télé.
Je parle depuis le terrain.
Celui des retards de diagnostic, des renoncements aux soins, des soignants qui tiennent ? mais à quel prix.
Ce qu?ils sacrifient, ce n?est pas uniquement votre santé.
C?est votre vie.
Et avec elle, l?idée même d?un système de soins digne.
Un système où le soin reste un droit, pas un privilège.
Et malheureusement, aujourd'hui, on s'éloigne de cet idéal: je constate de façon de plus en plus récurrente des propositions de payer un supplément pour avoir un rendez-vous plus rapidement (dernièrement, 80? de supplément pour avoir rendez-vous pour une IRM semi-urgente dans les 10 jours au lieu de 4 mois).
Isabelle Duchateau
Infirmière spécialisée SIAMU- soins à domicile (Région Le Roeulx, Thieu, Maurage, Bracquegnies, Houdeng etc)
Référente en soin de plaies (certifiée en nov.25)
Formée en nutrithérapie (CFNA) et aromathérapie (Collège Dominique Baudoux)
Fondatrice de Harmoneo ? www.harmoneo.be
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