Accompagner un proche malade à domicile, c?est un acte d?amour. Mais parfois, malgré la meilleure volonté du monde, certaines erreurs se glissent dans le quotidien. Des gestes mal adaptés, des produits inappropriés, des automatismes qui compliquent plutôt qu?ils ne soulagent.
En tant qu?infirmière à domicile, je vois chaque semaine des patients et des familles engagés, dévoués et pourtant confrontés à des difficultés évitables.
Dans cet article, je vous propose un éclairage pour mieux comprendre ce qui fait obstacle aux soins.
Le soin à domicile n?est pas un bricolage
Dans le contexte du domicile, l?aidant se retrouve parfois à improviser, à défaut d?être guidé. Ce n?est pas un échec, c?est souvent un manque d?information ou de coordination.
Voici les cinq erreurs les plus fréquentes que je rencontre? et comment les éviter sans stress.
? 1. Toucher les plaies ou les pansements à mains nues
Même chez soi, le soin exige une asepsie stricte. Une main non lavée, un gant réutilisé, une compresse touchée sans précaution : cela suffit à introduire une infection.
?? Mon conseil : lavez-vous toujours les mains avant et après un soin, utilisez des gants à usage unique, et ne touchez jamais un pansement stérile sans raison.
? 2. Refaire un pansement ?parce qu?il est moche?
Changer un pansement trop souvent, c?est fragiliser la peau, exposer la plaie à l?air, ralentir la cicatrisation. Mais parfois, il faut effectivement le refaire en dehors des heures de passage de l'infirmière/
?? Mon conseil : respectez le rythme prescrit par l?infirmière ou le médecin. En cas de doute, demandez, afin de respecter le protocole d'asceptie et de soin.
? 3. Utiliser des produits inadaptés
Alcool, mercurochrome, éther, dentifrice sur les brûlures... Ces ?remèdes de grand-mère? peuvent brûler les tissus ou bloquer la cicatrisation.
?? Mon conseil : ne mettez rien sur une plaie sans validation de votre équipe de soin. Certains produits ralentissent ou masquent les signes d?infection.
? 4. Forcer une personne à manger ou boire ?pour lui faire du bien?
En cas de traitement, de douleur, ou de pathologie digestive, forcer l?alimentation peut aggraver l?état général ou provoquer des troubles graves (fausses routes, vomissements, blocage digestif).
?? Mon conseil : observez, encouragez, mais ne forcez pas. Si l?appétit chute, signalez-le à l?infirmière : c?est un signe clinique important, mais ne forcez pas.
? 5. Ne pas oser dire que ?ça ne va pas?
Trop souvent, par pudeur ou crainte de déranger, on cache un malaise, une douleur, un changement d?état, jusqu?à ce qu?il devienne critique.
?? Mon conseil : parlez, même si cela vous semble ?bête?. Toute information nous aide à mieux soigner. Mieux vaut une fausse alerte qu?un vrai problème passé sous silence.
À qui s?adresser ?
Votre infirmière à domicile est votre première interlocutrice.
Elle observe, évalue, transmet, coordonne. Posez-lui vos questions, même les plus simples.
Elle peut :
- ajuster certains protocoles,
- prévenir le médecin,
- expliquer les gestes,
- conseiller en cas de doute.
Votre médecin traitant reste le référent principal.
Il doit être alerté si :
- l?état général se dégrade,
- un soin devient douloureux,
- un symptôme nouveau apparaît.
En cas de doute : communiquez!
Mieux vaut un appel inutile qu?une complication évitable.
Un bon soin ne dépend pas seulement de la technique. Il dépend aussi du courage de poser les bonnes questions, au bon moment.
En osant vous informer, en osant dire ?je ne sais pas?, vous devenez un partenaire du soin, acteur de votre santé.
Isabelle Duchateau
Infirmière spécialisée SIAMU- soins à domicile (Région Le Roeulx, Thieu, Maurage, Bracquegnies, Houdeng etc)
Référente en soin de plaies (certifiée en nov.25)
Formée en nutrithérapie (CFNA) et aromathérapie (Collège Dominique Baudoux)
Fondatrice de Harmoneo ? www.harmoneo.be