On n?en parle presque jamais, ou alors à voix basse.

Et pourtant, les conflits familiaux liés à la prise en charge d?un proche dépendant sont fréquents.

Usure physique, surcharge mentale, décisions difficiles, partage des tâches inégal? La tension s?installe, parfois la colère, parfois la culpabilité. Quand la fatigue fragilise les liens, les désaccords surgissent. C?est humain. D'autres questions peuvent surgir: qui décide? Qui fait quoi ? Qui paie quoi ?

La dépendance favorise les tensions

La dépendance bouleverse l?équilibre familial. Elle redistribue les rôles, les priorités, les ressources.

Or, cette redistribution peut se fait brutalement, sans préparation, tout simplement parce que l'état général de votre proche s'est dégradé rapidement.

Ajoutez à cela :

• La fatigue des aidants
• Les douleurs du passé familial qui peuvent ressurgir
• L?incertitude sur l?avenir
• Le manque d?aide extérieure ou de relais médicaux

? et vous obtenez un terreau idéal pour les conflits.

Cela ne signifie évidement pas que votre famille est dysfonctionnelle. Cela montre qu'elle est tout simplement humaine.

Gare aux silences, inégalités et à l'implosion

C'est dans ce contexte que je vois parfois des fratries entières exploser.

Un enfant prend tout en charge, pendant que les autres sont contents de se reposer sur celui qui se "sacrifie". Des décisions médicales sont bloquées par des non-dits. Le conjoint de l'aidant s?épuise également, pendant que les enfants, à distance, critiquent sans agir.

Ou l?inverse : un proche arrive de loin et veut tout réorganiser? sans connaître la réalité du quotidien.

Je vois aussi :

• Des familles qui n?osent pas parler des conflits, par pudeur
• Des aidants qui culpabilisent de "penser à eux"
• Des patients qui, in fine, souffrent du climat, sans oser intervenir

Quelques gestes simples à instaurer :

• Faire une réunion de famille dès que la dépendance s?installe (avec ou sans médiateur) et y inclure votre proche dépendant (!)
• Écrire noir sur blanc qui fait quoi (courses, rdv, nuits, soins, paperasse), la répartition des tâches, la fréquence, etc
• Clarifier les décisions médicales en impliquant le patient autant que possible
• Reconnaître ce que chacun peut/veut donner, au lieu d?imposer des standards impossibles
• Prévoir des relais, même ponctuels, pour souffler

Et surtout : ne pas rester seul avec sa colère ou sa lassitude.

Quand un proche devient dépendant, tout le monde vacille un peu.

Mettre des mots, se coordonner, reconnaître les limites de chacun, c?est le premier soin familial. Pas pour le corps, mais pour les liens.

Isabelle Duchateau  

Infirmière spécialisée SIAMU- soins à domicile (Région Le Roeulx, Thieu, Maurage, Bracquegnies, Houdeng etc)  

Référente en soin de plaies (certifiée en nov.25)

Formée en nutrithérapie (CFNA) et aromathérapie (Collège Dominique Baudoux)  

Fondatrice de Harmoneo ? www.harmoneo.be